D'étranges silhouettes en robe blanche entre les arbres, des cris d'effroi ou de plaisir, des ustensiles liturgiques comme égarés dans le local ouvrier...
Depuis la fin de l'été, les résidents du couvent, en passant dans la seconde cour, avaient pu entrevoir de bien étranges préparatifs... Mais c'est le samedi 20 septembre, à la nuit tombée, devant une assemblée d'une centaine de spectateurs, que tout a pris sens. Moment magique où , à la lueur de bougies et au son de choeurs grégoriens, le couvent s'est trouvé plongé quatre-cents ans en arrière, à l'époque de Richelieu et des premières Ursulines...
À l'occasion des journées du patrimoine, et pour célébrer en beauté le vingt-cinquième anniversaire de l'association des Amis du Couvent, nous avons souhaité offrir aux habitants et à leurs amis un événement d'exception, en accueillant le spectacle « Loudun ». La troupe «Glossolalie » nous a conté une histoire fascinante de chasse aux sorcières... Sœur Jeanne des Anges, Soeur Agnès et Soeur Angélique sont-elles vraiment possédées du démon, manipulées par un prêtre dévoyé... ou simplement les victimes collatérales d'un complot politique ? C'est toute la subtilité de la pièce originale de Stéphanie Girons, inspirée de l'authentique fait divers des « possédées de Loudun », qui en leur temps fut exploité par le romancier Aldous Huxley ou le cinéaste Ken Russell .
Les comédiens, tous formidables, ont captivé l'auditoire. On retiendra le duel final saisissant entre le père Grandier (Michaël Msihid) et le père Lactance (Lionel Chenail), éternel combat de la raison contre le fanatisme. Face à eux, les trois comédiennes incarnant les « possédées » (Cécile Lancia, Virginie Delagnier et Cécile Beaudoux) vivent avec intensité des scènes éprouvantes d'exorcisme, nous rappelant que le corps des femmes a souvent été l'instrument de leur propre oppression.
Le spectacle offre une suite de tableaux à la poésie poignante, Stéphanie Giron et sa scénographe Adeline Gauvreau ayant exploité à merveille le décor naturel du couvent : chemin de lumière sous le porche ouvrant sur tous les mystères, escaliers secrets, balcons, jardinets clos évoquant l'Eden, théâtre d'ombres dans l'encadrement d'une porte... Les faux rosiers se mêlant aux vrais chèvrefeuilles, dans la troublante (et burlesque!) première scène ooù sœur Jeanne cède aux appels de sa chair, assaillie de parfums... et les flammes d'un bûcher s'élevant sur la façade pour un finale qui a provoqué quelques frissons d'horreur dans les premiers rangs...
Bravo à toute la troupe, pour avoir affronté une météo capricieuse (la pluie n'a cessé que quelques minutes avant la représentation!). Le public n'oubliera pas de sitôt les images suscitées par ce spectacle remarquable, qui nous a fait redécouvrir d'un autre œil les beautés de notre cher couvent...
Merci à tous les bénévoles de l'association qui ont permis aux répétitions de se tenir pendant plusieurs semaines, qui ont organisé l'accueil de la troupe et du public, aidé à l'installation de la scène, des lumières et des décors. Mention particulière à Thierry et Corinne dont l'appartement s'est transformé en loges et réfectoire...
L'association tient également à remercier paticulièrement Madame Battley et Monsieur Rodari, Monsieur Morel d'Arleux et Madame Guyon pour avoir laissé l'accès à leurs appartements à la troupe pendant la pièce et les répétitions et le service culturel de la ville pour le prêt des chaises.
Rendez-vous dans l'année prochaine, pour d'autres émotions fortes au sein du couvent !